Cienfuegos a offert une performance inégale, dans laquelle les principaux "constrastes du Sud" étaient ceux entre les tableaux réussis et d'autres où les artisans n'ont pas été à la hauteur des attentes. L'ouverture sur "1492" a été magnifique avec le lancement d'énormes boules de feu, la présence d'une surface enflammée au centre du lac et de nombreuses pièces pyrotechniques. Par la suite et jusqu'à la 10e minute du spectacle, les artificiers ont connu de sérieux problèmes relatifs au déploiement des pièces.
Contrairement à ce qui a été écrit précédemment, et conformément aux informations transmises par Paul, il n'y avait aucune pièce aquatique dans ce spectacle. Il eût été intéressant que les artificiers profitent des possibilités offertes par ce plan d'eau. Par ailleurs, la synchronisation était inégale. Dans certains tableaux, les variations rythmiques de la bande sonore n'étaient pas reflétées dans la performance pyrotechnique.
L'originalité et la qualité de la bande sonore doivent être soulignées. À l'exception de "1492", les Argentins ont puisé dans leur répertoire culturel, nous entraînant dans un univers musical différent à celui auquel le public montréalais est habitué. Aussi, il n'y avait aucune interruption entre les tableaux: l'enchaînement entre les pièces musicales était immédiat et cette transition accélérée était généralement bien rendue dans la prestation pyrotechnique.
Concernant la richesse des couleurs, Cienfuegos a déployé de nombreuses bombes comportant trois changements de couleur. Il est peu fréquent que quatre couleurs se succèdent dans une même pièce.
En terminant, je note que la durée de ce feu d'artifice fut légèrement inférieure aux 30 minutes réglementaires. Entre la fermeture et la réouverture des lumières de la Grande Roue, j'ai chronométré 29 minutes 50 secondes. Cependant, je ne crois pas qu'une pénalité soit imposée pour quelques secondes. L'an dernier, Luso Pirotecnia (Portugal) n'avait pas tout-à-fait atteint les 30 minutes et cette firme a néanmoins remporté le Jupiter d'argent.
Le montage de ce spectacle pyrotechnique avait les allures d'une entreprise pharaonique. Vers 20 heures, un artificier discutant avec son épouse près de La Grande Roue témoignait de l'ampleur de la tâche qu'il fallait encore accomplir avant le début du spectacle. Pendant la cérémonie protocolaire, certains artificiers de Cienfuegos semblaient toujours sur les rampes et ils ne sont montés à la régie de mise à feu qu'à 22 heures précises. Le spectacle a débuté avec un retard légèrement inférieur à 5 minutes.
À mon avis, Cienfuegos ne remportera pas de Jupiter cette année. Je lui attribue la note 31,47/40, au 3e rang derrière la Chine (35,70) et l'Italie (34,87), mais en légère avance devant la France (31,17).
Frédérick |