Un parcours sans faute et une performance qui approchait sérieusement la perfection! Les artificiers d'Explosive Entertainment International se sont surpassés et, si le jury ne souffre pas d'une soudaine amnésie au moment de finaliser le pointage dans les minutes suivant le feu de l'Angleterre le 26 juillet, ces Australiens pourraient bien remporter le Jupiter d'or. En effet, il est très rare qu'un aussi grand nombre d'ingrédients gagnants soient réunis. Les Australiens ont certainement obtenu la recette gagnante!
À l'instar d'autres feux vus cette année, la qualité des pièces d'artifice utilisées et la synchronisation étaient excellentes. Le matériel était diversifié et a été déployé sans aucun problème technique. Plusieurs pièces avaient une allure très sophistiquée, produisant successivement un grand nombre d'effets visuels. Les chandelles et les mines denses atteignaient une hauteur remarquable et, lancées rapidement de façon séquentielle de gauche à droite et vice-versa, elles produisaient un effet d'abondance très marqué. La synchronisation a été soutenue tout au long du spectacle et, dans certains tableaux, le choix des pièces illustrait bien les scènes de Roméo et Juliette.
De belles pièces d'artifice et une synchronisation parfaite ne suffisent pas à remporter le 1er prix du Concours. Dans le cas des Australiens, c'est clairement la qualité et l'originalité de la conception pyromusicale qui devrait faire la différence. En construisant tout le feu sur une musique unique, celle du film "Roméo et Juliette", les concepteurs ont choisi une orientation artistique audacieuse (ils avaient fait le même pari en 2000, cette fois avec la musique de Frankie goes to Hollywood). Ce choix a permis de développer le spectacle autour d'une thématique, conférant une unité à l'ensemble de la prestation. Cette cohésion a été accentuée par l'enchaînement ininterrompu des pièces musicales et des tableaux pyrotechniques pendant 30 minutes 8 secondes.
Il faut aussi souligner l'insertion judicieuse de la narration dans le spectacle: une phrase à la fois pour situer les spectateurs par rapport au déroulement du récit, superposée à la bande sonore et sans interrompre le spectacle. À l'exception de "Visite dans une école de danse" (Weco, Allemagne, 2000), rarement le procédé narratif a-t-il été employé avec autant de brio, les concepteurs ayant habituellement du mal à le maîtriser, comme nous l'avions constaté dans le feu français "Parfums de femmes" en début de saison.
Une faiblesse: les artificiers n'ont pas souvent eu recours au lac des Dauphins. Des pièces scintillantes ont flotté lors d'un tableau, mais on aurait pu recourir à un plus grand nombre de pièces nautiques à différents moments du spectacle. Aussi, avec la présence d'une plate-forme au-dessus de la chambre informatique située au centre des rampes, il aurait été possible de mieux illustrer la scène du balcon, ce qui aurait amélioré l'originalité de la mise en scène.
Bref, une performance excellente! J'attribue une note de 36,13/40 à l'Australie, suivie par la Chine (35,70), l'Italie (34,87), le Portugal (32,57), l'Argentine (31,47) et la France (31,17).
Frédérick |