Heureusement, certaines craintes que j’entretenais depuis quelques jours en vue de ce feu n’ont pas été fondées. Après avoir été déçu par une performance espagnole au concours pyromusical de Québec, j’étais devenu très inquiet en apprenant que le spectacle offert une semaine plutôt par Fireworks for Africa avait été moins bon encore. L’une de mes connaissances, fidèle spectatrice des feux de Montréal depuis fort longtemps, avait vu le spectacle sud-africain au Parc de la Chute Montmorency. Elle me disait samedi soir qu’il y a probablement eu plus de pièces pyrotechniques dans les cinq premières minutes de la version montréalaise que dans la version québécoise au complet!
En effet, nous avons eu droit à un gros feu et les spectateurs qui l’ont regardé de points d’observation éloignés en ont certainement eu plein la vue. Dès la fin du décompte, l’ouverture fut spectaculaire avec plusieurs envolées de bombes rouges. Plusieurs tableaux se terminaient avec beaucoup d’intensité (notamment sur les musiques de Superman et Jurassic Park). Et la finale me rappelait celles de Luso Pirotecnia, faite d’un nombre incalculable de bombes d’étoiles de tailles moyennes (probablement autour de 6 pouces), chacune étant monochrome mais, à la différence de Luso, des bombes aux couleurs différentes, puis quelques barrages de « salutes » qui heurtaient la poitrine. Entre l’ouverture et la finale, le feu a été dense et constant.
Parmi les autres aspects intéressants de ce spectacle, je retiens la mise en évidence de la richesse des couleurs par la juxtaposition, dans certains tableaux, de divers tons d’une même couleur. Par exemple, dans le tableau de Superman, alors que tout était en bleu, on pouvait aisément distinguer deux tons de bleu. Dans un autre tableau, on pouvait comparer le rose pâle de bombes d’étoiles au rose foncé de la tête de comètes météoriques. Sur une note plus personnelle, j’ai bien aimé le choix musical : j’étais heureux d’entendre à nouveau « Tapestry of Nations », « Gladiator » et, entre ces deux, une autre pièce qui ne figurait pas au programme musical (elle avait été entendue dans le feu suédois en 2005 et le rapport de Paul l’identifiait comme étant « Honor Him & Now we are free » d’Hans Zimmer), même si cette sélection musicale pose des problèmes au niveau de la créativité.
Voilà un premier problème dans ce feu. Je n’ai pas senti un grand effort du côté de la créativité. La thématique cinématographique est régulièrement exploitée en pyrotechnie et, hélas, souvent de la même façon. Comme Melrose la semaine dernière et Luso l’an dernier, Fireworks for Africa a ouvert son feu sur la musique de 20th Century Fox (qui était également manquante sur le programme : était-ce un oubli volontaire pour éviter de mettre en évidence cette répétition?)
Advice to the future contestants : Please avoid the 20th Century Fox and find more creative ways to open a show with music movies.
La structure générale du spectacle témoignait aussi de ce manque de créativité. Les chandelles romaines étaient diversifiées (d’étoiles, de comètes, de comètes électriques, de tourbillons, de bombettes, de crossettes, etc.) mais beaucoup trop nombreuses. La structure typique d’un tableau consistait en un premier ensemble de chandelles, suivi d’un second ensemble accompagné d’autres pièces en haute altitude. Cette abondance de chandelles crée de la répétition, rend le déroulement du spectacle prévisible et ne capte pas aussi bien l’attention que des séquences monocoups plus complexes et diversifiées.
Un second problème important résidait dans la synchronisation qui, à mon avis, n’était pas suffisamment recherchée. Si le début et la fin des tableaux coïncidaient avec chaque segment musical, on ne peut dire que le rythme de ces deux dimensions du spectacle était bien harmonisé, du moins, pas pendant tout le spectacle.
Le choix musical était cohérent avec le thème du spectacle et les pièces retenues créaient une certaine unité dans la bande sonore : que des pièces instrumentales de films d’action, essentiellement, qui se prêtaient bien à un feu abondant. Cependant, la bande sonore aurait gagnée en raffinement si les enchaînements avaient été davantage soignés. Le segment de Gladiator, par exemple, s’est terminé de manière particulièrement abrupte.
Enfin, les possibilités offertes par le site de La Ronde n’ont pas été pleinement exploitées, ce qui est un peu décevant pour une firme qui en est à sa seconde participation. La rampe centrale (no. 4) n’a pas (ou presque pas) été utilisée, il n’y avait pas de cinquième rampe près des spectateurs, ni de structures montées (à l’exception de quelques hélices, dont l’entrée en scène de certaines a été pénible). Alors que Fireworks for Africa avait généreusement animé le lac de plusieurs pièces nautiques en 2006, on s’est contenté de barrages de bombes nautiques sur le tableau de Superman et de quelques fusées éclairantes vers la fin du spectacle.
Le temps estival et le grand nombre de spectateurs ont contribué à créer une atmosphère particulièrement festive pour ce feu qui, malgré les critiques énoncées ci-dessus, était bon. Il est décevant, toutefois, que Fireworks for Africa n’ait pas profité davantage du privilège énorme qui lui était fait d'être le dernier concurrent en compétition. C’est un fait statistique connu : les derniers participants ont une chance plus élevée d’accéder au podium. Il me semble que cette chance extraordinaire n’a pas été saisie par la firme et je serais très surpris que Fireworks for Africa obtienne un Jupiter cette année.
Pièces pyrotechniques : 8,0/10
Conception pyromusicale : 8,0/10
Conception technique : 8,5/10
Bande sonore : 8,0/10
Synchronisation : 7,5/10
Total : 40,0/50
1. Pyromagic Productions (Hong Kong) (93%)
2. Pirotécnia Igual (Espagne) (91,5%)
3. Melrose Pyrotechnics (États-Unis) (91,2%)
4. Pains Fireworks (Angleterre) (91%)
5. Royal Pyrotechnie (Canada) (90%)
6. Fuegos Artificales Jupiter (Argentine) (88%)
7. Foti International Fireworks (Australie) (87%)
8. Fireworks for Africa (Afrique du Sud) (80%)
Fred