La portion européenne de la compétition 2009 nous a permis de voir deux spectacles bien différents et de haut calibre. Et j'estime qu'il n'est pas facile de déterminer quelle équipe, entre Igual et Pains, a produit le meilleur spectacle.
Le montage de ce second spectacle de Pains n'était pas aussi spectaculaire que l'immense soleil suspendu à une grue en 2007, mais les symboles assemblés au centre du lac étaient intriguants... Contrairement à d'autres observateurs, je n'ai pas été agacé par la présence de ces éléments non pyrotechniques. Comme l'écrit Paul, nous avons déjà assisté à des feux contenant autre chose que de la pyrotechnie: des écrans d'eau, des lasers, des effets de flamme, sans compter des acteurs humains. J'estime que de tels éléments ajoutent de la variété, ouvrent de nouvelles possibilités et elles distraient rarement les spectateurs de l'essentiel, qui demeure la pyrotechnie. Dans le cas de Pains, ces symboles étaient assez sobres, ils mettaient en relief le thème de la performance pyromusicale et... j'estime qu'il s'agissait d'un moyen astucieux pour Pains de faire en sorte que le jury se souvienne bien de cette performance jusqu'à la fin de la compétition. On se souviendra des bateaux d'Igual, des symboles hommes/femmes de Pains... Il est essentiel d'imprégner de telles images dans l'esprit du public. Quelqu'un a-t-il encore un souvenir visuel du feu de Panzera, tiré il y a seulement deux semaines?
On doit souligner plusieurs éléments originaux dans ce feu. En plus de l'illumination des symboles de l'homme et de la femme, et de l'effet des "rolling comets" décrit par Philly, j'ai été surpris par les étoiles nautiques multicolores qui ont émergé du lac à la fin de "Woman". Et bien qu'il ne s'agissait pas d'une première, je souligne le choix artistique audacieux de conclure le feu avec un tableau calme et peint délicatement, avec ces chutes aériennes (Niagara shells) dont la luminosité s'est lentement estompée au rythme de la trame sonore. L'émotion de la grande pétarade avait déjà été atteinte, quelques instants auparavant, dans un tableau intense qui rappelait un segment présenté vers la mi-temps du feu de 2007 et qui étaient plus intense que la finale. Contrairement au feu espagnol, on n'a pas senti d'essoufflement, ni de relâchement sur le concept artistique pendant toute la durée du spectacle.
Par contre, les effets pyrotechniques étaient moins diversifiés dans le spectacle de Pains que dans celui d'Igual. On retrouvait ici un peu plus de répétition, tant dans le choix des couleurs que des effets pyrotechniques. Si Panzera a beaucoup misé sur les chandelles, Pains a opté pour une abondance de gâteaux de toutes sortes (dont certains étaient très spectaculaires par leur durée et la rapidité affolante à laquelle ils éjectaient des pièces, tantôt verticalement, tantôt en formant un V, tantôt en éventail). De plus, la conception sonore était plus classique avec Pains que dans le feu d'Igual, où les transitions étaient soignées et qui présentaient des effets sonores additionnels.
Encore une fois, tout l'espace a été mis à contribution, avec des tableaux particulièrement larges (ils ne cadraient pas dans la plupart des caméras!), des structures sur diverses rampes et plusieurs pièces nautiques. En dépit d'une première bombe multibris lancé prématurément avant la fin du décompte officiel, la synchronisation a été excellente tout au long du feu, et elle était particulièrement remarquable à la fin des tableaux.
Parlant de la conclusion de chaque tableau, je m'attendais à des transitions mieux soignées au plan pyrotechnique. En effet, une caractéristique remarquable du feu de 2007 (outre le fameux soleil) résidait dans l'utilisation, à la fin de la plupart des tableaux, de pièces pyrotechniques qui, par leur couleur ou leur effet, s'imbriquaient parfaitement aux premières pièces pyrotechniques du tableau suivant. Revoir l'expression d'un tel savoir-faire aurait permis d'identifier une "signature" de Pains, ce qui n'a pas été le cas. Mais rares sont les artificiers qui atteignent ce degré de raffinement et je ne saurais en faire un standard à l'aune duquel évaluer cette performance.
Igual et Pains: deux performances de haut calibre, dont les forces et les faiblesses s'équivalent presque. Déjà, au terme de seulement deux feux, je trouve difficile de trancher. J'ai été davantage emporté par le feu de Pains, mais sur la base des critères officiels, je dois reconnaître les efforts particuliers d'Igual en matière de diversité pyrotechnique et de raffinement de la bande sonore.
Pièces pyrotechniques: 8,5/10.
Conception pyromusicale: 9,5/10.
Conception technique: 9,5/10.
Bande sonore: 9,0/10.
Synchronisation: 9,0/10.
Total: 45,5/50 (91,0%).
Mon classement:
1. Piroténicia Igual (91,5%)
2. Pains Fireworks (91,0%)
Fred |