À mon avis, le feu présenté par Hanwha était excellent, dosant de bonne manière la quantité et la qualité, de même que la créativité et la tradition. Contrairement à d'autres participants à ce forum, j'ai beaucoup apprécié la finale. Le choix de procéder avec une seule couleur a donné à ce tableau finesse et cohérence, sans négliger la puissance que procuraient toutes ces bombes et comètes, de même que le barrage final de mines (nautiques?) qui a soufflé l'auditoire. (Un ensemble de pièces ont été lancées à l'eau à la toute fin du feu, mais les mines étaient si ordonnées et bien positionnées le long de la rampe que je doute encore qu'il s'agisse de pièces nautiques. J'attends le rapport de Paul avec impatience.)
Les nombreux gâteaux (400) ont mitraillé l'espace d'effets diversifiés et souvent puissants. Je pense à cette salve de sifflets qui a ponctué le 11e tableau (Carmen 1), ou encore à ces comètes se terminant par un puissant effet stroboscopique au premier tableau. L'histoire nous a déjà montré le fiasco que pouvait produire un trop grand nombre de gâteaux (les 500 installés par Austin en 2002) en absence de vent. Heureusement que la fumée produite par ces pièces fumigènes n'a pas brouillé la vue des spectateurs. Un vidéo réunissant un échantillon de ces gâteaux accompagne le rapport présenté sur
PyroPlanet.
Le tableau sur la musique d'ABBA était une réussite, avec des séquences de comètes et des mines multicolores bien synchronisées. Au segment suivant, les gerbes blanches dansaient sur la 5e rampe dans une harmonie pyromusicale parfaite. Il faut aussi souligner l'efficacité avec laquelle la chute a été allumée: plutôt que de procéder à son allumage par chaque extrémité, des fils liés à différents points de la chute ont permis de la mettre à feu rapidement, au plus grand plaisir de l'auditoire.
La bande sonore atteignait également un bon équilibre entre la musique contemporaire et la musique classique, de même qu'entre la musique occidentale et celle orientale. Au plan musical, les concepteurs ont sans doute réussi à satisfaire un large auditoire sans recourir au rock passe-partout. La thématisation (la danse) était légère, mais suffisante pour assurer une cohérence à l'ensemble.
La faille la plus significative de ce spectacle aura été le manque d'effets pyrotechniques sur la musique du Can-Can et la panne d'une douzaine de secondes survenue pendant Carmen. Il est évident que des problèmes techniques sont alors survenus, minant particulièrement le 6e tableau qui manquait de rythme pour la pièce d'Offenbach. Hélas, rien à voir avec le chef-d'oeuvre servi sur cette trame sonore par IP en 2007. J'aurais également aimé un usage plus étendu du lac avec davantage de pièces nautiques. L'amateur d'effets aquatiques que je suis n'a pas encore été très choyé cette année... Enfin, les enchaînements entre les tableaux étaient moins fluides que lors des feux précédents.
Concernant les problèmes de transport du matériel pyrotechnique, j'ignore si des restrictions pré-olympiques en Chine peuvent contribuer à expliquer les embûches rencontrées par Hanwha. Il est cependant évident que l'industrie de la pyrotechnie fait face à des défis importants pour le transport des pièces, chaque incident pyrotechnique majeur amenant un resserrement des règles. Lors de la soirée de clôture en 2007, Jim Souza me disait que sa firme emploie à temps plein deux avocats chargés de résoudre les problèmes légaux relatifs au transport du matériel pyrotechnique.
Fred