Décidémment, il y a longtemps que nous n'avions pu déguster une cuvée aussi pétillante que celle de la présente saison du Mondial SAQ! Les artificiers d'Atlas PyroVision Productions ont offert un excellent spectacle qui devrait permettre aux États-Unis de renouer avec le podium (le dernier Jupiter accordé à une firme américaine remonte à 1999), tout en ayant évité de sombrer dans l'excès, comme l'avaient fait Pyro Spectacular by Souza avec plus de 7000 pièces en 2001 et Austin, dont la débâcle en 2002 fut pour le moins remarquée.
La qualité exceptionnelle des pièces d'artifice et de la synchronisation ont été les points forts de ce spectacle. Dans chaque tableau, un grand nombre de pièces aux effets tous plus fascinants les uns que les autres furent déployées. On souligne la présence de gerbes multicolores originales, longtemps incandescentes et dont la descente semblait aussi lente que celle des parachutes prohibés à Montréal. Comme l'écrit Paul, le concepteur du spectacle a bien fait de consulter un spécialiste en arts afin de choisir les couleurs appropriées. Il est rare qu'un tableau final soit présenté en distinguant si bien les couleurs, tableau où le rouge, le vert, le bleu et le blanc se succédèrent sans confusion.
Quant à la synchronisation, elle a été soutenue et raffinée tout au long du spectacle, malgré un coefficient de difficulté élevé en raison du caractère vocal de la plupart des pièces musicales. On remarqua la qualité de la synchronisation entre la luminosité des pièces et la bande sonore à la fin de la plupart des tableaux: à l'exception du tableau final, plus aucune pièce ne brillait dans le ciel lorsque la musique prenait fin. Au début de "Fallin", dont la musique est partiellement jouée au piano, les artificiers lancèrent des pièces en parfaite harmonie avec chaque note. J'aurais aimé que cet effet se poursuive pendant toute la chanson, récidivant ainsi l'exploit mémorable qu'avait produit Ipon S.R.L. (Italie) en 1997 sur la musique de "Für Élise".
Concernant la conception pyromusicale, l'ajout d'une rampe de lancement au centre du lac est un élément original et qui a été employé judicieusement pendant tout le spectacle.
La qualité de la bande sonore doit aussi être soulignée. Sur ce point, j'insiste sur la présence d'une chanson française et sur la qualité linguistique de la narration, prononcée dans un français impeccable. Hélas, ce discours fut trop long (environ 3 minutes) et, pendant un long moment, aucun effet pyrotechnique ne l'accompagna. Contrairement au feu australien, chaque pièce musicale était espacée par une brève interruption. L'originalité de la bande sonore est moyenne: d'un côté, certaines pièces avaient déjà été entendues au Mondial ("Firebird Suite Finale" dans le feu de clôture en 2001, "Fallin" dans le feu du Canada en 2002); de l'autre, il fallait de l'audace pour conclure avec une musique techno ("Sandstorm") dont la partie vocale était très pertinente pour accroître l'anticipation des spectateurs avant l'apothéose finale.
La construction de chaque tableau était soignée, mais le thème (hommage au Concours international de Montréal) n'avait pas une portée excédant la trop longue narration, privant le spectacle de l'unité que l'on retrouvait si bien dans le feu australien, mais aussi dans les performances française et chinoise.
Étant donné ces quelques lacunes du feu d'Atlas PyroVision Productions, je reconnais le qualité exceptionnelle de ce spectacle en le classant au second rang (35,89/40), derrière l'Australie (36,13) et devant la Chine (35,70), l'Italie (34,87), le Portugal (32,57), l'Argentine (31,47) et la France (31,17).
Frédérick |