Après un feu d’ouverture hors-compétition produit en 2016 le jour de la Fête du Canada qui ne saurait être considéré représentatif de ce que cette firme peut produire, une liste de chansons se terminant par Hallelujah, et l’entrevue menée par Paul nous apprenant que le concepteur ne semblait pas trop familier avec les critères d’évaluation du concours, je ne savais pas très bien à quoi m’attendre de ce premier spectacle en compétition de la firme Apogée. En fin de compte, c’est un très bon feu auquel nous avons assisté avec, en prime, un croissant de lune en toile de fond et un vent très coopératif (pour les spectateurs placés dans les gradins centraux, à tout le moins).
La conception technique et la qualité du matériel pyrotechnique – surtout sa diversité – sont à mes yeux les deux principales forces de ce spectacle. Bien que des plateformes n’aient pas été ajoutées au centre du lac, on peut dire que l’équipe canadienne a très bien tiré profit des possibilités offertes par le site, en lançant régulièrement et simultanément des pièces pyrotechniques des diverses rampes, de manière à combiner des effets aux différents niveaux d’altitude, conférant à l’ensemble un niveau de complexité supérieur aux deux feux précédents. À chaque extrémité de la rampe 2, un échafaudage permit de placer des pièces pyrotechniques à quelques mètres du sol, notamment des supports circulaires qui n’ont toutefois produit qu’une seule séquence à 360 degrés (au moment où le tempo d’Under Pressure fit une transition vers un rythme plus soutenu). Ces échafaudages ont permis, en combinaison avec la rampe 4, d’activer des gâteaux lançant horizontalement des étoiles, et de lancer des bombes de craquelins qui ont constitué une murale assez opaque sur la musique de Blow at High Dough. À l’instar de l’équipe chinoise, Apogée a aussi intégré une chute au début de la chanson L’hymne à l’amour, mais en la segmentant en quatre parties : face à la rampe 2, un segment de part et d’autre du centre de la zone de tir ; deux autres segments sur chaque moitié de la rampe 4. Et plusieurs effets nautiques ont été déployés sur le lac.
Si les bombes de crossettes ont été particulièrement nombreuses dans ce spectacle, il demeure que le matériel pyrotechnique m’a semblé particulièrement diversifié et tiré de manières différentes. Nous avons vu quelques bombes multi-bris, des comètes et des queues de cheval aux terminaisons hétéroclites, des farfalles, des bombes de diverses formes pendant Earth Song, etc. Les coloris étaient variés (mais peu ou pas de changements de couleurs après éclosions), les méthodes de tir aussi, si bien que la performance d’Apogée m’a paru très peu répétitive.
La conception pyromusicale et la synchronisation m’ont toutefois semblé un peu plus inégales. D’un côté, il y eut des moments spectaculaires, dont la séquence d’ouverture, très soudaine sur Let’s Go Crazy, qui me rappella celle de l’équipe suédoise en 2010. L’irruption de Johnny Hallyday dans l’interprétation de L’hymne à l’amour fut soulignée par des séquences aux couleurs nationales (bleu, blanc, rouge). Le début du tableau d’Earth Song commença avec des fusées éclairantes rouges sur les rampes et sur le lac, évoquant l’image de la terre brûlée qui apparait dans ce vidéoclip de Michael Jackson.
D’un autre côté, il y eut aussi des moments où le rythme du feu n’épousait pas parfaitement celui de la musique. Cela m’a semblé évident sur la chanson Tu ne sauras jamais, où je m’attendais à une intensification du rythme lors du passage au couplet «si je te donnais ma vie...». À l’inverse, vers la 29e minute, la performance pyrotechnique s’est intensifiée alors que la musique d’Hallelujah, elle, conservait le même tempo... D’ailleurs, le qualificatif anglais “anti-climactic” caractérise particulièrement bien la finale de ce feu : j’ai brièvement pensé que les concepteurs allaient relever le défi de faire différemment sur cette chanson, avec une accumulation de kamuros, mais le feu a ralenti et une envolée de “salutes” a signifié la fin des festivités... deux ou trois secondes avant la fin de la musique. Disons qu’il s’est agi d’une sortie mal négociée. En fait, le tableau sur la musique d’Earth Song, le plus intense et le plus réussi de ce spectacle à mes yeux, aurait constitué une bien meilleure finale. Autrement dit, ce spectacle a culminé de manière un peu précoce, vers 22h21, avant d’enchaîner avec Tu ne sauras jamais et Hallelujah qui ont duré près de cinq minutes chacune.
La conception de la bande sonore peut y être pour quelque chose dans ces lacunes. D’une part, réduire graduellement le volume d’une pièce musicale pour clore un segment, à peu près à chaque segment, vient quelque peu casser le rythme. Les concepteurs soignent souvent davantage les transitions. D’autre part, je ne crois pas que des chansons présentées de manière intégrale (ou presque) soient généralement appropriées pour assurer le rythme d’une performance pyromusicale. Les 5 premières pièces de cette bande sonore, qui en comptait 9, ont été concentrées dans les 12 premières minutes du spectacle, c’est dire que les choses se sont étirées par la suite. Cela dit, Apogée semble avoir eu la bonne idée de mixer des interprétations différentes de deux pièces. Je ne crois pas que les combinaisons de G. Boulet/J. Hallyday et E. Presley/L. Cohen aient été endisquées, il semblait s'agir d'un mixage original.
Il était annoncé, dans l’entrevue menée par Paul, que des effets spéciaux jamais vus à Montréal allaient apparaître, en particulier durant le segment Under Pressure. Si tel fut le cas, ils ont échappé à mon attention...
L’auditoire derrière moi a régulièrement manifesté son appréciation. Leur enthousiasme s’est d’abord manifesté durant la présentation de l’équipe des artificiers par des applaudissements et des cris, puis à nouveau lorsque le spectacle a débuté. Quand des bombes ont explosé en formes de coeur sur L’hymne à l’amour, c’était la commotion!
Dans l’ensemble, en raison de la diversité des pièces pyrotechniques et de la qualité de la conception technique, je crois que le feu d’Apogée a été le meilleur cette année. La synchronisation a été une lacune significative mais, aux dernières nouvelles, depuis quelques années, ce critère ne compte plus que pour 10% de la note finale, ce qui pourrait aider l’équipe canadienne à se faufiler sur podium si l’un des trois prochains feux devait moins plaire aux membres du jury. Pour ma part, je range provisoirement Apogée au sommet de mon palmarès, par une faible marge devant le feu autrichien. Disons que si ces deux équipes devaient se faire une bataille pour le podium, je réévaluerai ces deux spectacles de plus près !
My (tentative) ranking so far :
1. Apogée (Canada) (tied)
2. steyrFire (Austria) (tied)
3. Dancing Fireworks (China)
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As an active member of this forum since 2003, the next show is a special one. Indeed, long-time forum member Vander (reflections_of_earth) is a key member of the Philippine team. We don’t know how good the show is going to be on July 21, but we do know that it will be a HUGE extravaganza. I am sure that Paul will have the specifics in his interview soon, however we may already expect a size similar to the award-winning show of Ricardo Caballer in 2016. The soundtrack may also be quite different than the current trend which emphasizes popular songs. With Pyrotecnico on July 28, the 2018 competition now moves into its most anticipated phase.
Fred |