COMPTE-RENDU, MONTRÉAL EN LUMIÈRE, 26 FÉVRIER 2005:
Le Grand (?) Feu de Clôture
Pour souligner la fin du festival Montréal en lumière, les organisateurs avaient convié les visiteurs au «Grand Feu de Clôture Loto-Québec», lancé à partir du toit du théâtre Maisonneuve. La population a répondu à cette invitation et la foule était très importante sur le site du festival. Il était d’ailleurs difficile de se déplacer sur l’esplanade de la Place des Arts.
Comme lors de la présentation des feux quotidiens de Montréal en lumière, un acrobate-artificier portant les ailes d’un ange (et non des cornes, comme me l'a fait remarquer un participant à ce forum!) était situé au centre du théâtre, près de la bordure du toit. Il demeura immobile pendant plus de la moitié du spectacle, lequel a duré un peu moins de 15 minutes. À nouveau, le feu n’a été précédé d’aucun décompte et la firme en charge du spectacle n’a pas été identifiée. (N’est-il pas curieux de présenter un spectacle sans en nommer les artisans? Imagine-t-on un film, une pièce de théâtre ou un spectacle musical où on masquerait le nom des comédiens, des chanteurs, des réalisateurs ou des metteurs en scène? Cette façon de faire ne me semble pas respectueuse du travail accompli par les artificiers, dont l’Équipe Spectra se sert par ailleurs pour attirer la foule à qui on vendra, à fort prix, des marrons, de la tire d’érable et autres gourmandises.)
Donc, vers 19 heures, le spectacle pyromusical a commencé par la mise à feu de gâteaux d’étoiles mauves, accompagnés de 3 fontaines blanches situées près du toit. Pendant que ces fontaines étaient toujours en action, des chandelles romaines vertes étaient lancées, de même que des bombettes blanches et mauves. Le rythme de la prestation diminua ensuite avec des fusées éclairantes rouges et fumigènes posées sur le toit.
Puis, des bombettes rouges et blanches étaient projetées à partir du centre du toit. Par la suite, plusieurs trios de mines ont éclaté de façon répétitive : des trios de mines combinant du jaune et du vert; des trios de mines mauves; puis des trios de mines vertes, ces dernières accompagnées de chandelles. Puis, des trios de mines aux couleurs distinctes, jumelées à des chandelles lancées en angle à partir de l’extrémité droite du toit vers le centre. Ce segment s’est poursuivi par le lancement d’autres chandelles, certaines à la verticale à partir du centre, d’autres en angle tel que décrit précédemment.
Tout-à-coup, pendant que les chandelles s’élançaient vers le ciel, le système de son présenta des difficultés. Durant plusieurs secondes, la musique était entendue de façon intermittente, provoquant chez les spectateurs quelques huées et rires moqueurs. Pendant ce temps, des mines multicolores ont éclaté, suivies par de nombreuses comètes lancées verticalement à partir de trois endroits sur le toit.
Par la suite, pendant quelques instants, j’ai pensé que le spectacle était interrompu puisqu’aucune pièce n’éclatait et le son n’était toujours pas rétabli. Des flammes ont jailli sur toute la largeur du toit puis, à nouveau, la noirceur totale. D'autres flammes jaillirent, alors que de nouvelles fusées éclairantes produisaient une lumière rouge et, hélas, trop de fumée. En effet, c’est à ce moment qu’un groupe inattendu de trois ou quatre acrobates-artificiers placés sur un niveau plus élevé du toit du théâtre Maisonneuve entraient en action, en décrivant des cercles à l’aide de torches. Des flammes étaient à nouveau projetées en respectant un synchronisme parfait avec la musique. Des bombettes blanches et rouges s’ajoutaient à ce tableau. L’action des fusées se poursuivait et les acrobates s’agitaient de plus en plus. Il était cependant difficile d’apprécier leur travail en raison de la fumée. Cette première partie du feu s’est terminée par le lancement de chandelles dorées à partir de trois endroits sur la largeur du toit.
La suite du spectacle était une reproduction du feu présenté quotidiennement dans le cadre de Montréal en lumière et décrit précédemment dans ce forum. Pendant cette dernière partie du feu de clôture, le système de son a rencontré d’autres difficultés. Comme ce fut le cas lors du spectacle de mardi auquel j’avais assisté, des pièces continuaient d’éclater une fois la musique terminée. La foule a réagi par des applaudissements brefs, mais qui semblaient témoigner d’une appréciation réelle.
À mon avis, il ne s’agissait pas d’un « grand » feu de clôture. Les artificiers en charge du spectacle (Fiatlux, selon un correspondant anonyme de ce forum) ont accompli un bon travail, sans doute le meilleur qu’ils pouvaient fournir avec les contraintes physiques et financières que les organisateurs du festival leur ont imposé.
Cependant, dans le cadre d’un festival organisé par une importante entreprise culturelle (Spectra) et qui prétend à une envergure nationale ou internationale, on s’attendrait à mieux. Les feux présentés quotidiennement cette année étaient moins longs que ceux des années antérieures. Pour un événement de clôture, j’espérais un feu original. Or, la reproduction du feu quotidien constituait presque la moitié du spectacle et l'autre moitié était à l’avenant : le matériel pyrotechnique déployé était similaire au feu quotidien, de même que l’intensité du spectacle.
Montréal en lumière tire certainement un avantage à intégrer la pyrotechnie à son offre extérieure pour attirer des visiteurs. Il est souhaitable qu’elle améliore ce volet de sa programmation en allouant les ressources qui permettraient la réalisation de spectacles d’une plus longue durée (ex.: une dizaine de minutes pour le feu quotidien, une vingtaine pour l’événement de clôture) et l’usage d’un matériel pyrotechnique diversifié et plus sophistiqué. De même, comme le toit d’un immeuble limite sans doute le calibre des pièces qui peuvent être lancées, il faudrait permettre aux artificiers d’installer une partie de leur matériel au sol. Il serait possible, par exemple, de lancer les pièces de petit calibre du toit de la salle Wilfrid-Pelletier (comme cela a déjà été le cas) et les autres à partir de l’arrière de la Place des Arts.
Enfin, Montréal en lumière pourrait aussi prendre le soin de nommer la firme en charge du feu ainsi que le titre de la création. Avec tout l’espace publicitaire que le festival achète dans les journaux, il est certainement possible d’insérer quelques caractères supplémentaires à cette fin, de même que dans leurs brochures et dépliants. Cela témoignerait d’un respect élémentaire à l’égard des artificiers et de l’art pyrotechnique.
Frédérick |
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